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VUES DE L’EXPOSITION
« MALI AU PLURIEL »
L’exposition collective « Mali au Pluriel » est un aperçu non exhaustif de la diversité et du dynamisme de la scène artistique malienne. Elle présente six artistes contemporains qui se distinguent par la singularité de leurs conceptions et expressions artistiques.
Le plus souvent engagé.e.s ces artistes marquent leurs positions en utilisant leur créativité et leur travail pour interpréter et dépeindre les aspects de leurs pays et nous en livrer leurs visions.
Chacun y raconte une part d’histoire personnelle, intime et subjective aux accents parfois politiques, sociaux, religieux ou spirituels.
Les thématiques qu’ils et elles abordent sont liées aux mutations que traversent le Mali et sa population, en prise avec le questionnement, les problématiques et le défis que le monde actuel impose.
Leurs perceptions de la société contemporaine, leur rapport à la mémoire et à la tradition, à la perte d’identité, à l’altérité et à la construction de soi dans un monde en perpétuel transformation, entre en résonnance à travers les propositions plastiques qu’ils et elles formulent, dont les supports et Mediums diffèrent.
Mali au Pluriel se veut ainsi une sorte d’instantané de la création malienne, pour saisir la pluralité des identités qui la caractérise et engendrer un dialogue autours de réflexion sur les changements et métamorphoses globales du monde, la complexité et l’ambivalence de l’être, le symbolisme de la vie humaine, la réinterprétation du réel mais aussi autours des aspirations communes et partagées d’une jeunesse artistique qui nous livrent une part de leur imaginaire.

BIOGRAPHIE DES ARTISTES
Noumouke Camara
Artiste peintre et graphiste malien, Noumouké Camara est né en 1976 à Bamako Coura, l’un des quartiers les plus animés et coloré de la capitale malienne.
Noumouké Camara avait comme premières références graphiques les posters de cinéma qui ornaient les murs de la ville de Bamako. Mais c’est par la voie de la peinture sous verre qu’il entre dans le monde des arts plastiques, encadré par le renommé peintre Feu Joël Mounkoro, dans les années 1990.
Entre 1994 et 2003, il participe à de nombreux ateliers artistiques en Afrique et en France et y trouve l’opportunité de travailler avec des artistes de renoms comme Alfousseny Kelly, David Coulibaly, Lassant Kanté, Ismaël Diabaté, Jean-Claude Daguet ou encore Michel Granger. Alors qu’il n’est encore qu’étudiant à l’Institut national des Arts de Bamako, il travaille au centre culturel français en tant qu’agent de communication visuelle.
Depuis, Noumouké Camara expose dans de nombreux lieux de référence de la capitale, tels que la galerie de l’INA, le Centre Soleil d’Afrique, le Musée National, le musée du District, la galerie Médina, Bamako Art Gallery. Ses toiles sont exposées également dans d’autres pays : CCF Henri Matisse à Bobo Dioulasso (1995), Forum culturel de Blanc-Mesnil en France (2002), à La Rotonde des Arts à Abidjan en 2018, dans le cadre du projet “BICIM amie des arts” en 2019. Membre de l’Atelier Badialan, un collectif fondé en 2014 sous l’impulsion du peintre Amadou Sanogo qui entend dynamiser la scène artistique des arts plastiques, il participe à l’exposition collective “BAMAKO”, au siège de la société Eiffage à Dakar en 2016, à “AB1 OPEN STUDIO” en 2017, ainsi qu’à plusieurs éditions du salon d’art contemporain Ségou’Art de 2016 à 2022. Plus récemment, il a participé à l’exposition collective Picasso Remix présentée à la Galerie le Manège à Dakar en 2022.
Plusieurs fois primé lors des biennales et expositions auxquelles il a participé, Noumouké Camara évolue dans l’art, animé d’une volonté d’exalter le vitalisme de ses sujets. Ses œuvres, entre figuration et abstraction, appartiennent au style qu’il définit lui-même de “Néo-graphisme” et dépeignent sans tabous aucuns, et non sans humour, la vie de la capitale ainsi que le quotidien des maliens dans tout ce qu’il a de plus mouvementé. Entre abstraction et figuration, elles sont une hybridation de lignes et de motifs géométriques qui font la force de son style, le plus souvent en noir et blanc, accueillant parfois des couleurs vives. Il a pour motif principal la femme dont il exalte les attributs mais aussi les taxis, taxis-moto, les makis, les vendeuses ambulantes…tout ce qui renvoie aux mouvements, au bruit, au dynamisme de la ville.
Maître incontesté du dessin au Mali, Noumouké Camara prône un art libre, franc, transgressif et indomptable. Sa devise : “vivez l’art au quotidien pour l’amour de l’art”.
Mohamed Dembelé
Mohamed Dembélé est un artiste plasticien malien qui vit et travaille à Bamako, Passionné de dessin depuis son jeune âge, un art qu’il reçoit en héritage de son père, il est diplômé du Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasséké Kouyaté et est un membre actif du collectif de jeunes artistes plasticiens maliens Tim’Arts.
Sa démarche artistique se caractérise par la décomposition du sujet à travers une multitude de traits vibrants aux couleurs variées, suggérant le mouvement continu sur la toile et renvoyant au courant postimpressionniste. Ses toiles figuratives, plongées dans les méandres du quotidien de la société malienne, nous racontent des réalités sociales et économiques actuelles que connaissent de nombreux jeunes.
L’immigration clandestine ou encore le commerce de rue constituent ses thématiques de prédilection. Il dépeint des silhouettes isolées arpentant les rues, rendues invisibles dans une capitale malienne en pleine transformation, aussi vaste que périlleuse, pour rendre hommage à la détermination de ces marchands ambulants et pour attirer l’attention de la société quant à la rudesse de leurs conditions. La profusion de traits de couleurs vient l’emporter sur la morosité de ces vies ordinaires soumises à un quotidien difficile qui broient des rêves et des aspirations à un avenir meilleur.
Mohamed a participé à plus d’une vingtaine d’expositions nationales et internationales. Son travail à, entre autres, été présenté au « 31ème Salon des Artistes pour la Liberté » à Angers (France) en 2016, « A la Rencontre de Hassan Massoudy » à l’institut Français du Mali en 2018, lors de l’exposition inaugurale des 60 ans de créativité Malienne au Musée de Bamako en 2020, à l’exposition collective présentée à la résidence de l’ambassade de l’Union européenne à Bamako en 2020, ainsi qu’à la 18ème édition du Salon d’Art Contemporain Ségou ‘Art en 2022. Son œuvre lui a valu d’être lauréat du 2ème prix des Rencontres Internationales de Peinture de Ouagadougou (RIPO) en 2021, lauréat au concours de dessin en 2020 au Festival International de la Caricature et de la Bande Dessinée de Bamako (FESCAB) et lauréat du deuxième prix du concours «Total’ Arts» en 2019.
Habibatou Yaye Keita
Née à Bamako en 1998, Habibatou Yaye Keita est la fille d’un décorateur et calligraphe de métier, au côté duquel elle a pris goût au dessin et à la peinture depuis son enfance. D’abord destinée à des études de médecine, pour lesquelles elle obtient une licence en sciences expérimentales, sa passion pour les arts plastiques l’a conduit finalement à poursuivre des études dans ce domaine au Conservatoire des arts et métiers multimédia de Bamako, où elle obtiendra sa licence en 2020.
En parallèle, elle gagne sa vie en exerçant dans le secteur de la coiffure, auprès de son cercle familial et de son voisinage. Son intérêt pour les coiffes traditionnelles, en particulier pour l’art du tressage, vient nourrir son travail artistique et l’amène à consacrer une série entière de toiles peintes auxquelles elle intègre le tissage de laine, matérialisant sa volonté de promouvoir cette richesse culturelle qui tend à disparaître au profit de modes occidentales.
Cette démarche traduit son engagement, celui de faire la promotion des identités culturelles africaines et de leur préservation, de souligner l’importance de ces coiffures héritées ainsi que leurs significations sociales avec une volonté ardente d’inspirer d’autres femmes à apprécier leurs propres cheveux.
Sa deuxième série d’œuvres, intitulée « beauté achromique », s’inscrit dans cette démarche esthétique axée sur une recherche de la beauté. Il s’agit d’un réquisitoire contre le traitement réservé aux personnes atteintes du vitiligo, un appel à l’acceptation de la différence, les personnes atteintes du vitiligo faisant souvent l’objet de rejet dans la société. Habibatou Yaye Keita y rend hommage au mannequin Amy Deanna atteinte de cette pathologie qui se traduit par des taches pigmentaires pures sur le corps.
Utilisant l’auto-portrait, l’artiste se met en scène dans des postures et une composition maîtrisées, parfois osées, où la couleur et la technique du pointillisme viennent illuminer le corps féminin qu’elle entend magnifié, et qui confèrent une élégance et une sensualité particulière à ces oeuvres.
Ses créations participent ainsi d’une double démarche. D’abord il s’agit pour elle de souligner la beauté du sujet pour changer le regard que la société leur porte ; il s’agit de faire regagner une confiance en eux à des êtres qui ont été, le sont encore, trop souvent marginalisés.
Membre fondatrice du collectif Sanou’Arts, Habibatou Yaye Keita participe à de nombreux ateliers créatifs et expositions. Elle participe notamment à la 4e édition du RIPO à Ouagadougou, l’exposition Pacte Mali à la galerie Médina en 2020, plusieurs expositions collectives réalisées à Siif’Art de 2019 à 2022, “Mali Bougou” dans le cadre des OFF de la Biennale de Dakar 2022.
Hamidou Koumaré
Né en 1985, Hamidou Koumare est un artiste sculpteur malien diplômé de l’Institut National des Arts et du Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasseké Kouyaté de Bamako où il enseigne désormais la sculpture.
Issu d’une grande famille d’artistes, il a toujours baigné dans un environnement créatif. Cette vocation pour la création artistique lui vient principalement de son père, Mamadou Koumaré, sculpteur émérite et auteur de plusieurs monuments de la capitale malienne, dont une stèle dédiée à l’illustre écrivain et homme de culture Amadou Hampaté Ba.
Très vite attiré par le travail de la matière et le détournement d’objets, il développe au fil des années un véritable goût pour le métal, qui deviendra son matériau de prédilection et avec lequel il affirme un langage plastique qui lui est propre. Ses sculptures se composent d’assemblage de métaux de récupération, des clous, des boulons et de plaques métalliques qu’il soude afin de leur donner une seconde vie et de donner forme à ces figures énigmatiques et abstraites qui caractérisent ses premières œuvres.
Optimiste impondérable, les thèmes qui l’animent expriment la notion de cohésion sociale et de vivre ensemble. Ses œuvres nous livrent un discours à la fois engagé et poétique sur notre société et ses forces vives. Très ancré dans sa culture, Hamidou Koumaré puise les formes de ses œuvres dans l’esthétique de la statuaire traditionnelle pour composer des sculptures dont le vocabulaire minimaliste offre à voir et à toucher des compositions singulières. Outre leurs qualités esthétiques, elles présentent également une forte charge symbolique teintée d’animisme et de spiritualité qui ne laisse pas insensible.
Hamidou Koumaré a également consacré toute une série de sculpture dédiée à la représentation de la femme, son autre source d’inspiration principale, à laquelle il voue une profonde admiration et un respect sincère. Prenant pour modèle les interprètes de danse contemporaine de sa génération, il retranscrit à sa manière leur dextérité, leur souplesse, leur vitalité, tout en exprimant leur combativité. Une série de danseuses qui célèbre la vie, dont les femmes sont source et qui en filigrane rend hommage à leur force combative, profondément féministe.
Depuis ces premiers workshop en 2008, Hamidou à réaliser un voyage d’étude en France où il a participer à un workshop consacré à la réalisation du monument dédié aux héros de l’Armée noire à Reims en 2013, puis à participer au Symposium international sur la sculpture africaine contemporaine à Dakar et à la Biennale Dak’art en 2014. Membre du collectif Badialan 1, qui regroupe plus d’une quinzaine d’artistes plasticiens, il a également participé à de nombreuses expositions collectives au Mali, notamment « AB1 Open studio » en 2016, au Salon d’art contemporain Ségou’ Art de 2016 à 2022, à Bamako Art Gallery en 2019, à l’exposition « Quartier libre » présentée à l’espace Siif’Art et à « 60 Arts » au Musée national du Mali en 2020.
Daouda Traoré
Artiste plasticien, né en 1987 à Abidjan, Daouda Traoré est titulaire d’un Brevet de Technicien Supérieur en arts plastiques de l’Institut National des Arts de Bamako et est diplômé du Conservatoire des Arts et Métiers Multimédia Balla Fasseké Kouyaté en 2013. Depuis août 2014, il enseigne les arts plastiques au Lycée publique de Sikasso où il vit et travaille.
L’essentiel de son travail consiste à donner vie à certains matériaux qui sont peu sollicités dans la peinture académique tel que la tôle usée, les pointes de métal, le contreplaqué, les boites de conserves, le papier journal, les sacs de mil, les bidons, le fil de fer, le fil de laine et les chutes de tissus.
Le choix de ses matériaux est lié à la complexité du sujet qu’il aborde dans ses toiles, qui reflètent les vécus de nos sociétés, les grands défis auxquels le monde est confronté tels que les multiples crises, l’immigration, les conflits, mais surtout les quotidiens des populations africaines, les villes et leurs mouvements dont il fait le récit.
Sa démarche relève d’un style singulier qu’il nomme lui-même « les poésies illisibles ». Hormis la diversité des matériaux qu’il emploie, il intègre à ses œuvres des lettres et des mots qu’il considère comme préalable à toute connaissance humaine et intellectuelle. Ces mots et ces lettres représentent ce qu’il manque chez la plupart des sujets de ses œuvres, notamment ceux qui se lancent sur la route de l’immigration clandestine.
Daouda Traoré peint avant tout ce qu’il observe. Ses tableaux, composés de plusieurs couches de matière que l’artiste assemble, colle et peint, captent des séquences d’un quotidien immédiat qui nous plongent dans la vie contemporaine des villes qu’il côtoie et traverse, passant d’une scène de vie à l’autre. Des scènes de vie, à la fois fugaces et persistantes, singulières et emblématiques d’un lieu, d’un pays, et plus largement d’une histoire collective, l’histoire d’une jeunesse aux prises avec une modernité confuse, où se mêlent joies, espérances et rêves inachevés.
Dans la série « pêcheurs d’espoirs », Daouda Traoré se saisit du quotidien des pêcheurs sénégalais, il cadre une attitude, un corps dans un mouvement. Les visages des personnages sont anonymes, pourtant ils nous témoignent avec placidité leurs vécus ainsi que leurs aspirations.
Daouda Traoré est membre d’un collectif Atelier M, implanté dans le quartier historique de Médina Coura, qui regroupe de quatre jeunes peintres de sa génération. Artiste prolifique, il participe activement à plusieurs ateliers et expositions à travers le Mali notamment « Peindre la paix » organisé à la galerie Anw-Ko’Art, « Fassoko » au Centre soleil d’Afrique, Taxi Bamako, au salon d’Art contemporain Segou’Art de 2016 à 2020.
Diakaridia Traoré
Artiste peintre autodidacte, Diakaridia Traoré est né en 1992 à Bougouni dans la région de Sikasso au Mali. En 2013, il fait ses premiers pas dans le milieu artistique au centre Anw-ko’Art, qui lui offre l’opportunité de participer à des ateliers et des rencontres artistiques à Bamako et à Ségou.
Trois ans plus tard, il intègre le collectif Badialan 1 fondé par Amadou Sanogo, dont il occupe encore à ce jour l’un des ateliers et qui lui permet de poursuivre librement sa recherche artistique et de perfectionner sa pratique.
Les œuvres de Diakaridia Traoré livrent une vision personnelle des paradoxes qui animent nos sociétés, soulevant les ambivalences qui nous habitent. Réunies au sein de la série “Dans le bar” elles s’inscrivent dans une continuité, celle d’un processus de recherche plastique continuel qu’il mène sans relâche. Il y offre une déclinaison intarissable du même thème, celui du bar, par lequel il explore la relation dichotomique entre les cultures traditionnelles africaines où l’alcool fait partie des différentes cérémonies qui émaillent les saisons et la vie des hommes et la culture musulmane où l’alcool est proscrit selon les courants rigoristes.
Abreuvée des rencontres humaines dont il fait l’expérience, sa peinture est l’expression directe de ses ressentis intérieurs et de son rapport intime à la spiritualité. Par un langage plastique minimaliste, dont le motif récurrent est constitué d’une table sans convives, de verres de vins semblant abandonnés, représentés dans un espace cloisonné, Diakaridia Traoré questionnent ainsi les normes sociales contemporaines au regard des pratiques traditionnelles passées. Dans ses toiles, marquées par la quasi totale absence de la figure humaine, la matière et la composition, ainsi que le moindre motif, sont chargés d’un sens symbolique dissimulé, qui confère à son œuvre une poésie énigmatique que l’artiste laisse libre d’interprétation.
Diakaridia Traoré a participé à plusieurs expositions collectives, notamment notamment à «AB1 Opens Studio» à Bamako en 2017, à la Dak’art – Biennale d’art contemporain en 2018, à la rentrée culturelle de l’Institut français de Bobo- Dioulasso en 2020, à l’exposition «Dualité» présentée par Bamako Art Gallery et dans le cadre de «Let’s Talk about Art» à Taxi Bamako en 2021. Son œuvre à également été présentée dans des expositions en solo à Taxi Bamako en 2018 et à la Villa Soudan en 2019, sous le titre « Dichotomie ».